Concilier liberté économique et justice sociale: Les solutions de Keynes
Michel Herland
Cahiers d'Économie Politique, 1998, vol. 30, issue 1, 281-310
Abstract:
[eng] According to Keynes, politics should aim at three different targets : economic efficiency, social justice and individual liberty. The first part of the paper analyses the meaning of each target and their combination. Economic efficiency is related to utilitarianism. Keynes is considered as utilitarian because he accepted the two following ideas : 1) the good is related to pleasures and utility, even if it cannot be strictly defined by these two words - 2) an action is right when it increases the happiness of the community. Besides, the second point, the principle of utility, insures that resources shall be efficiently used. Social justice bears on the reduction of unequalities. Unequalities are acceptable only if they contribute to economic development and to the improvement of the whole population. Finally, economic liberties appear as a cause of efficiency as well as a component of personal liberties. . The three targets have different degrees of priority. As long as the stage of abundancy is not reached, efficiency comes first, liberty second and social justice third. Full-employment matters, evidently, but is considered more as instrumental for the three preceeding goals rather than a goal in itself. . The second part deal with means. In The End of Laisser-Faire, Keynes defines the sphere of intervention of the State in terms of the collective goods. The list of the Agenda of the State may be found in other texts. After 1930 they include « moderate planning », a concept which fits in Keynes' general scheme of « liberal socialism ». In the long run, Keynes believed that « a somewhat comprehensive socialization of investment » and the « euthanasia of the rentier » - which refer to a much more radical socialism - would become unevitable. [fre] Keynes avait une conception explicite de la société bonne. Celle-ci est caractérisée par la conjugaison de trois objectifs : efficacité économique, justice sociale et liberté individuelle. La première partie du papier explore la signification précise de chaque objectif et leur conciliation. L'objectif d'efficacité est mis en relation avec la philosophie militariste. Keynes est considéré comme « militariste » au sens où il acceptait les deux principaux articles de cette doctrine : l'idée que le « bien » est en relation directe avec le plaisir ou l'utilité, même s'il ne s'y réduit pas nécessairement, et une définition du «juste » comme ce qui conduit au plus grand bien pour tous. Le respect du second article (le principe d'utilité) est une garantie d'efficacité dans l'utilisation des ressources rares. La justice sociale se rapporte à la réduction des inégalités. Est juste la société qui ne tolère que les inégalités nécessaires au développement économique et à l'amélioration du sort de l'ensemble de la population. Enfin, les libertés économiques sont également un gage d'efficacité, en même temps qu'une composante des libertés personnelles. . La hiérarchisation des objectifs permet de résoudre les contradictions qui pourraient surgir entre eux. Tant que la rareté n'est pas à peu près vaincue, l'efficacité est prioritaire ; les libertés viennent ensuite, suivies par la justice sociale. Quant au plein-emploi, il est évidemment très important mais il est considéré comme une condition des trois premiers objectifs plutôt qu'une fin en soi. . La deuxième partie considère les moyens. Dans La Fin du laisser-faire, Keynes fournit un principe de délimitation de la sphère de l'Etat fondée sur les biens collectifs. Dans d'autres textes il a énuméré les Agenda de l'Etat. A partir des années 30, ceux-ci incluent une planification « modérée » qui s'inscrit bien dans la perspective du « socialisme libéral » dont il s'est, à l'occasion, réclamé. Par ailleurs, Keynes considérait que la socialisation de l'investissement et l'euthanasie des rentiers seraient inévitables à long terme, dessinant ainsi les contours d'un socialisme nettement plus radical.
Date: 1998
Note: DOI:10.3406/cep.1998.1223
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