Evolution de l'économie indonésienne
Anonymous or Collective
Etudes et conjoncture - Economie mondiale, 1950, vol. 5, issue 2, 20-56
Abstract:
[fre] Les Indes orientales néerlandaises qui constituent aujourd'hui les Etats-Unis d'Indonésie et englobent la plus grande partie de l'Insulinde s'étendent sur un immense archipel de plus de 2000 îles depuis la pointe de Malacca jusqu'aux confins de l'Australie. Leur superficie totale est de 1,9 million de km2, trois fois et demie celle de la France, 60 fois celle des Pays-Bas. Elle est à peu près égale à celles de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne, de la Belgique et de la Hollande réunies. . L'étendue du territoire s'accompagne d'une densité de population et d'une puissance économique exceptionnelle dans les régions tropicales et équatoriales, sauf peut-être dans les pays malais, qui présentent avec l'Indonésie bien des traits communs, mais ne possèdent pas une structure aussi complexe, des ressources aussi variées et en définitive, une part aussi grande dans le commerce mondial. C'était à l'Indonésie qu'était imputable, en grande partie, l'importance du Sud-Est Asiatique dans le système des échanges internationaux d'avant-guerre. . La colonisation hollandaise, les conditions historiques dans lesquelles elle s'est développée, les méthodes qui y ont été appliquées, y ont fortement contribué, surtout à partir du moment où l'Etat Néerlandais reprit la suite de la Compagnie des Indes Néerlandaises, qui durant deux siècles se borna à employer les procédés d'exploitation par trop systématiques, qui ont été partout ceux des compagnies coloniales privilégiées. De 1830 à 1870 le système des cultures gouvernementales introduites par le Gouverneur Van Bosch, accrût très fortement les possibilités d'exportation de l'archipel. Mais c'est surtout lorsque ce système fut progressivement abandonné au profit de méthodes en apparence au moins plus libérales, que les ressources économiques de l'Indonésie furent mises en valeur de manière de plus en plus intensive, et à un rythme de plus en plus rapide. Au colonialisme « d'ancien style » succéda l'emploi systématique des techniques les plus savantes et le développement, des cultures scientifiques, particulièrement orientées vers l'exportation. Le libéralisme — apparent ou réel — dont les Hollandais firent preuve en renonçant aux principes du pacte colonial, et en appelant les Indonésiens et les étrangers à coopérer avec eux, facilita l'expansion économique et contribua à entraîner très rapidement l'Indonésie dans le circuit des échanges mondiaux. Trait caractéristique, la colonisation hollandaise a appelé de plus en plus les exploitants indonésiens, surtout à Java, à participer aux avantages des cultures d'exportation. . Le « libéralisme » se trouvait favoriser l'expansion économique d'autant plus effectivement, qu'en fait, il se combinait en réalité avec un « dirigisme » efficace, mais parfois poussé à l'extrême. Depuis 1900, l'action de l'administration hollandaise n'avait fait que s'étendre, surtout à partir de la crise économique de 1930. . Enfin, le volume énorme des investissements en provenance de l'extérieur a joué un rôle qui, comme en Malaisie britannique, ne saurait être sous-estimé ; la rivalité même de certains groupes financiers y a parfois contribué, notamment pour le pétrole. En 1900 les investissements en provenance de l'extérieur — et principalement de la métropole — s'élevaient à 750 millions de florins (1.500 millions de francs or) montant considérable pour l'époque. Il atteignit 1 milliard 500 millions de florins au début de la première guerre mondiale et quatre milliards à la veille de la crise de 1929, 1/4 de ce chiffre environ était investi dans l'industrie pétrolière, (dont les 2/3 à l'actif des Hollandais). Les investissements étaient revenus en valeur or à peu près à ce même niveau en 1939 ; ils devaient être alors de l'ordre de 5 milliards de florins, dont les 3/4 dans les entreprises privées et 1/4 dans les emprunts publics et locaux ; ces derniers ayant du reste été utilisés en grande partie dans les travaux de mise en exploitation économique. L'agriculture d'exportation et l'industrie extractive sont redevables en grande partie de leur prospérité à ces investissements énormes, et la colonisation hollandaise peut être considérée comme un des exemples les mieux réussis de la colonisation financière. . L'efficacité purement économique de l'ensemble des moyens mis en œuvre ne peut guère être discutée. L'incessant perfectionnement des cultures d'exportation les mieux éprouvées n'a cessé d'être accompagné de l'acclimatement de nouvelles espèces agricoles, ce qui a permis d'amortir les effets des crises sur une structure essentiellement primaire. . Les cultures vivrières, au contraire de ce qu'on avait constaté lors de la prédominance du système Van Bosch, et ce que l'on a pu déplorer dans d'autres colonies, ont connu une prospérité suffisante pour permettre, jusqu'à un certain point, de faire face au développement extrêmement rapide de la population, et, l'on a pas eu à déplorer de famines comme celles qui ont si souvent décimé l'Inde et la Chine. L'accroissement démographique lui-même a ainsi finalement facilité l'expansion. . On peut sans doute se demander si, en dépit du développement de l'hygiène, le social n'avait pas été sacrifié à l'économique, si le développement de la richesse avait contribué effectivement au relèvement d'un niveau de vie qui semble être demeuré insuffisant. La structure économique elle-même était-elle parvenue à un degré de complexité suffisant et n'avait-elle pas trop exclusivement été orientée vers la prospérité du commerce d'exportation ? Il semblait bien que l'archipel souffrait d'un manque d'équilibre, que rendait particulièrement sensible la forte pression démographique que l'on constatait dans l'île de Java, malgré les progrès réalisés dans les autres îles. . Tout au plus peut-on affirmer qu'en 1940 l'économie indonésienne semblait de nouveau en bonne voie lorsque le conflit mondial, l'occupation, les destructions inhérentes à la guerre civile et la conquête de l'autonomie, sont venus poser de nouveaux problèmes particulièrement ardus. . Aujourd'hui encore, après les progrès considérables enregistrés depuis deux ans, il subsiste des secteurs importants dont le rétablissement demandera de longues années et des investissements considérables. Le déficit budgétaire, l'importance de l'endettement, le niveau élevé et l'instabilité des prix, suscitent bien d'autres préoccupations dont la nouvelle dévaluation, à laquelle il vient d'être procédé, démontre le bien fondé ; plus encore, peut-être, l'incertitude de la conjoncture internationale des matières premières semble particulièrement grave pour un pays axé presque exclusivement sur les débouchés extérieurs.
Date: 1950
Note: DOI:10.3406/estat.1950.9461
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