Les réactions structurelles des grandes économies à la crise
Yves Barou and
Hugues Bertrand
Économie et Prévision, 1980, vol. 44, issue 1, 51-64
Abstract:
[eng] Structural reactions of the major economies to the . crisis . by Yves Barou and Hugues Bertrand. . The object of this article is to try to draw up an initial balance sheet of the information we have at the present time on this vast subject. First it is advisable to emphasize the fact that in spite of the importance traditionally attributed to the first oil shock, in 1973, the nineteen-seventies possess a unity which may be characterized in two ways : on the one hand, the initial difficulties (investment, growth, income distribution, productivity) preceded the oil shock, France being an apparent exception , on the other hand, the preceding «structural» (sectoral) evolutions, far from being transformed or reversed from 1973 on, were on the contrary maintained and amplified. Thus analyzed, the oil shock does not give rise to a new process : it accelerates the preceding structural evolutions, some of them obvious, and others still veiled In particular, we find many similarities between France, the Federal Republic of Germany and Japan, which contrast with what we find in the USA or the U K It is remarkable that the evolution of the apparent productivity of labor in the medium run seems to be independent of economic policies adopted in the short run. It is as though it were due to long-run structural factors having no narrow relationship with provisions made or the economic behaviors that were observed (more or less rapid adjustment of employment, curbing of remunerations, etc ). Likewise, in most countries, industrial activities went through a very : difficult period, under the pressure of wage claims which were still high and an often strong contraction of outlets. The difference in intensity of this constraint depending upon the country scarcely appears to have affected medium— term evolution, as if, once again, the medium-term «laws» had more weight than elaborate short-term policies. . Though it is relatively easy to designate the macro-sectors which are most seriously affected by the difficulties of the period in this or that country, on the other hand it seems difficult, at that level of observation, to detect the appearance of new motive sectors bearing the seeds of possible later growth, either because there are none or because they cannot be observed at that rough level of macroeconomic observation. . In this general context France's economy appears to occupy a somewhat traditional median position, from a twofold standpoint on the one hand, it has not known abrupt, ample movements as have the USA, Japan or the U K . but rather a gentle evolution , on the other hand, it remains in an intermediate situation with respect to it chief partners, marked however by a closer kinship with the Federal Republic of Germany and Japan. The relative resistance in 1974-1978 to the crisis and to the threat of recession, however, cannot fail to remain worrisome for what is to follow, because of a general lack of dynamism, the most obvious feature of which is the marked and lasting weakening of the investment rate. [fre] Les réactions structurelles des grandes économies à la crise . par Yves Barou et Hugues Bertrand. . L'objet de cet article est de tenter de dresser un premier bilan des informations que l'on possède à l'heure actuelle sur ce vaste sujet. . II convient au préalable de souligner qu'en dépit de l'importance attribuée traditionnellement au premier «choc pétrolier» de 1973, les années 70 présentent une unité qui peut être caractérisée de deux façons : d'une part les premières difficultés (investissement, croissance, partage des revenus, productivité) précèdent le choc pétrolier, la France faisant en apparence exception ; d'autre part, les évolutions «structurelles» (sectorielles) antérieures, loin d'être transformées ou inversées à partir de 1973, sont au contraire maintenues et amplifiées. Ainsi analysé, le choc pétrolier n'engendre pas un processus nouveau : il accélère les évolutions structurelles précédentes, certaines évidentes, d'autres encore voilées On retrouve en particulier de nombreuses similitudes entre la France, la Rfa et le Japon qui les opposent aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni. . II est remarquable que l'évolution de la productivité apparente du travail à moyen terme apparaisse comme indépendante des politiques économiques adoptées à court terme. Tout se passe comme si elle était le fait de facteurs structurels de longue période sans rapport étroit avec les dispositions prises et les comportements économiques suivis (ajustement plus ou moins rapide de l'emploi, freinage des rémunérations, etc ). De même, dans la plupart des pays les activités industrielles traversent une période très difficile, pressées par des revendications salariales encore importantes et une contraction souvent forte de leurs débouchés. La différence d'intensité de cette contrainte selon les pays ne semble guère avoir affecté les évolutions de moyen terme comme si, une fois encore, les « lois » du moyen terme pesaient plus que les politiques savantes de court terme. . S'il est relativement aisé de désigner les macro-secteurs les plus affectés par les difficultés de la période selon les pays, il semble par contre difficile de repérer à ce niveau d'observation, l'apparition de nouveaux secteurs moteurs, porteurs de la croissance éventuelle ultérieure, soit qu'il n'y en ait point, soit qu'ils ne soient pas observables à ce niveau, grossier, d'observation macroéconomique. . Dans ce contexte général l'économie française apparaît dans une position médiane, assez traditionnelle, d'un double point de vue : d'une part, elle n'a pas connu de brusques mouvements amples comme aux Etats-Unis, au Japon ou au Royaume-Uni, mais une évolution en douceur, d'autre part, elle demeure dans une situation moyenne au regard de ses principaux partenaires, marquée cependant par une parenté plus grande avec la Rfa et le Japon. La résistance relative pendant la période 74-78 à la crise et aux menaces de récession ne peut manquer cependant de laisser inquiet pour la suite en raison d un manque de dynamisme général dont l'affaiblissement marqué et durable du taux d investissement est le trait le plus évident.
Date: 1980
Note: DOI:10.3406/ecop.1980.6033
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