Éclairages de l’enquête Patrimoine sur les comportements de rachat en assurance-vie
Frey L.
Analyse et synthese from Banque de France
Abstract:
La compréhension des mécanismes de rachat des contrats en assurance vie est cruciale, en particulier dans un environnement de taux bas avec un risque de remontée brutale des taux d’intérêt. Il est important pour la définition des politiques prudentielles d’avoir une vision d’ensemble de ce risque, qui puisse ainsi tenir compte d’effets systémiques, qui sont indépendants des systèmes d’information des assureurs et des spécificités de leurs sous-populations, tout en intégrant les différences entre assureurs. Une littérature empirique s’est développée sur les comportements de rachat en assurance-vie depuis les années quatre-vingt-dix, mobilisant diverses sources de données, les plus prometteuses semblant être les données issues d’enquêtes en panel auprès des ménages. Sur le plan macroéconomique, deux hypothèses principales sont étudiées : l’hypothèse du rendement, selon laquelle un assuré rachète son contrat lorsqu’il peut obtenir un meilleur rendement ailleurs, et l’hypothèse de fonds d’urgence, ou hypothèse de réserve d’argent, selon laquelle un assuré rachète son contrat lorsqu’il est confronté à un choc négatif non anticipé. Cette dernière hypothèse semble trouver le plus de support dans la littérature récente. L’impact de variables individuelles, comme l’ancienneté du contrat, est également étudié. L’enquête patrimoine de l’INSEE présente l’avantage d’être représentative de l’ensemble des assurés français, et en particulier, grâce à des techniques d’échantillonnage adaptées, elle assure une bonne représentation des ménages les plus riches qui sont ceux qui concentrent la détention d’assurance-vie. En outre, elle comporte des informations détaillées sur les caractéristiques de l’assuré, y compris sur le montant de son patrimoine et ses revenus. Néanmoins, elle présente l’inconvénient de ne comporter que très peu de données de flux, et aucun flux concernant l’assurance-vie ; seuls les encours de contrats d’assurance-vie sont disponibles par contrat individuel. Pour relier ces données aux taux de rachat observés par l’ACPR, les différents contrats d’assurance-vie de l’enquête et leurs caractéristiques détaillées sont agrégés au niveau du groupe d’assureurs (l’enquête patrimoine distingue neuf catégories d’assureurs). Les taux de rachat de ces groupes sur la période 2008-2014 sont ainsi rapprochés de l’enquête patrimoine 2010, dont les variables sont assez stables dans le temps. Des pistes d’explication peuvent alors être proposées même si, en raison de la nature des données, il n’est pas possible d’utiliser des techniques économétriques pour les étayer. L’enquête Patrimoine semble montrer qu’il existe deux sous-populations d’assurés se caractérisant principalement par la taille de leur patrimoine net. Les assurés des groupes d’assurance où les taux de rachat ont été les plus élevés sont ceux qui possèdent les plus gros patrimoines nets et également les plus gros contrats. Ce sont principalement des chefs d’entreprises, des cadres du secteur privé, en activité ou non (y compris dans les domaines artisans et commerçants), ou des professions libérales. Leur part d’Unités de Compte (UC) est plus importante, leur patrimoine financier comprend plus souvent des valeurs mobilières, la part de versements fixes est plus faible. Les rachats de ces assurés, plus diplômés et plus éduqués financièrement, répondraient principalement à une logique de rendement, au sens large, y compris avantage fiscal. Ces assurés ne donnent pas proportionnellement plus de mandats de gestion à leur banquier que les assurés avec des taux de rachat plus faibles mais gèrent plus activement eux-mêmes leurs portefeuilles de valeurs mobilières. Ces deux sous-populations distinctes ne peuvent pas intégralement être rapprochées des hypothèses de fonds d’urgence et de rendement étudiées dans la littérature. En effet, dans le cas français, du fait d’une plus faible sensibilité au chômage des ménages détenant de l’assurance-vie, l’hypothèse de fonds d’urgence est difficile à mettre en évidence. Ce qui peut être mis en évidence grâce à l’enquête patrimoine, c’est la détention d’assurance-vie comme réserve d’argent au sens large, y compris retraite. L’hypothèse de rendement net doit, pour sa part, tenir compte de l’avantage fiscal dont bénéficie l’assurance-vie, qui est important en termes de rendement net. Ainsi, les assureurs qui ont les taux de rachat les plus faibles ont aussi la plus forte proportion de contrats détenus pour des motifs de réserve d’argent. Les assureurs aux taux de rachat les plus élevés ont la plus forte proportion de contrats détenus pour des motifs de rendement net. Les éclairages tirés de cette enquête confirment la nécessité pour le superviseur de tenir compte, notamment dans les exercices de stress tests, de comportements différenciés en matière de rachats en fonction de la structure de détention par catégories socio-professionnelles et du patrimoine moyen de celles-ci.
Keywords: assurance-vie; rachats; patrimoine. (search for similar items in EconPapers)
JEL-codes: G22 (search for similar items in EconPapers)
Pages: 28 pages
Date: 2016
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