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Les esprits animaux ont-ils besoin d'informations ? Portrait de l'entrepreneur en capitaine Achab

Michaël Lainé ()
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Michaël Lainé: CEPN - Centre d'Economie de l'Université Paris Nord - UP13 - Université Paris 13 - USPC - Université Sorbonne Paris Cité - CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique

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Abstract: La tentation de percer le secret du comportement humain par les mathématiques n'est pas nouvelle. La création et ses créatures parleraient un même langage, consigné dans les chiffres. Dans leur effort pour élever l'économie au rang de science, les théoriciens libéraux orthodoxes ont réduit l'étude de l'homme à celle de la maximisation de fonctions-objectifs. L'économiste serait dans la société comme le naturaliste dans son laboratoire, variant les paramètres au gré des hypothèses à tester. Qu'il s'agisse des modèles d'équilibre général, d'anticipations rationnelles, de l'espérance d'utilité ou de la théorie des jeux, la méthode est la même, qui consiste à comparer diverses options chiffrées et à choisir la plus élevée. La critique de Herbert Simon tourne court, car elle s'inscrit dans cette méthodologie. De fait, celle-ci est moins descriptive que normative. Même la théorie des perspectives à la Kahneman et Tversky, pourtant plus riche et complexe, ne cherche pas à s'évader de cette hypothèse de rationalité, les heuristiques étant présentés comme des biais. Dans ce cadre, l'incertitude se ramène à une succession de variables, justiciables du calcul probabiliste. À défaut de savoir de quoi demain est fait, l'homo economicus s'en forge une représentation. Il est vu comme une machine à transformer des inputs informationnels en outputs rationnels. Aussi la rationalité est-elle considérée par le paradigme orthodoxe à travers le prisme d'une double univocité, celle de l'information et celle de l'individu. On sait combien ce modèle s'est répandu jusqu'à contaminer d'autres disciplines, comme la philosophie ou la sociologie. Pour autant, il existe une autre manière d'envisager l'étude des comportements humains. Elle doit prendre acte de ce que l'économie déploie ses inférences, à la suite des autres sciences sociales, dans un espace non poppérien du raisonnement, où le critère de la scientificité n'est pas la réfutabilité (falsifiability) chère au célèbre philosophe. C'est la voie ouverte par Keynes dans son chapitre 12 de la Théorie générale lorsqu'il évoque les « esprits animaux » dont seraient dotés les entrepreneurs. Dans cette communication, nous nous proposons de clarifier certains concepts et de dégager quelques pistes de réflexion quant à l'approfondissement de cette intuition keynésienne. Il s'agit d'essayer, autant que faire se peut, de substituer à la rationalité mécanique des orthodoxes une rationalité organique d'inspiration keynésienne. Dans ce but, il convient de remettre en cause la double univocité sur laquelle repose le paradigme orthodoxe. À cette fin, je prendrai pour guide une figure majeure de la littérature mondiale, le capitaine Achab.

Keywords: Keynes; Moby Dick; Animal Spirits (search for similar items in EconPapers)
Date: 2010
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Citations:

Published in The 12th Annual Conference of the Association for Heterodox Economics AHE annual conference, 2010, Bordeaux, France

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