Institutionnalismes, Ecodéveloppement et socio-économie écologique: Une perspective comparée aux Suds
Bruno Boidin,
Catherine Figuiere and
Géraldine Froger
Additional contact information
Bruno Boidin: CLERSÉ - Centre Lillois d’Études et de Recherches Sociologiques et Économiques - UMR 8019 - Université de Lille - CNRS - Centre National de la Recherche Scientifique
Catherine Figuiere: CREG - Centre de recherche en économie de Grenoble - UGA - Université Grenoble Alpes
Géraldine Froger: LEREPS - Laboratoire d'Etude et de Recherche sur l'Economie, les Politiques et les Systèmes Sociaux - UT Capitole - Université Toulouse Capitole - UT - Université de Toulouse - UT2J - Université Toulouse - Jean Jaurès - UT - Université de Toulouse - Institut d'Études Politiques [IEP] - Toulouse - ENSFEA - École Nationale Supérieure de Formation de l'Enseignement Agricole de Toulouse-Auzeville
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Abstract:
Contexte Les pays dits du Sud sont des terrains d'innovations sociales et environnementales majeurs en dépit de leurs grandes difficultés à aborder aujourd'hui les défis environnementaux et climatiques. A côté d'une vision dominante de l'économie et du développement axée sur l'énergie fossile et l'intégration dans les chaines de valeur globales, des voix et des approches différentes se sont depuis longtemps faites entendre. Ces dernières se trouvent à la fois du côté des chercheurs et penseurs critiques en économie du développement (Ignacy Sachs, François Perroux, Albert Otto Hirschman…) et du côté des pratiques (agroécologie, économie familiale et locale, communs locaux…). En parallèle, depuis plus de deux décennies, des travaux académiques se sont penchés sur la question des enjeux environnementaux par une autre porte d'entrée : celle de l'économie écologique et en particulier, de la socio économie écologique. Celle-ci entend renouer avec les fondements de l'économie écologique, qui s'était constituée dès la fin des années 1980 en rupture avec l'économie de l'environnement et des ressources naturelles, dans une perspective transdisciplinaire en soutenabilité forte, exprimant la volonté explicite de rompre avec le paradigme scientifique dominant en économie – fondé sur le marché et l'homo economicus comme concepts centraux, et sur la recherche de l'efficience comme finalité. En reprenant à son compte l'expression de « socio économie écologique », Clive Spash (2024) entend redonner à l'économie écologique des racines à la fois ontologiques, épistémologiques et méthodologiques, et une ouverture affirmée non seulement sur les sciences de l'environnement mais aussi sur les sciences humaines et sociales. De nombreux travaux de socio économistes écologiques portent sur les Suds (Martinez Alier 2003 ; Muradian et Martinez Alier 2001 ; Méral et Pesche, 2016 ; Froger, 2022). On peut ainsi considérer, aujourd'hui, qu'il existe une proximité entre au moins trois traditions de l'économie politique (AFEP, 2023) consacrée aux questions du développement dans les Suds en lien avec des enjeux environnementaux : l'approche des « anciens » économistes du développement hétérodoxes, qu'ils soient ou non classés chez les structuralistes ou les marxistes et qui ont toujours été critiques par rapport au modèle productiviste et financier du développement ; l'approche originale des penseurs critiques ayant proposé des notions nouvelles (écodéveloppement chez Sachs, décroissance ou post-croissance ou post-développement chez d'autres) ; enfin l'approche spécifique des socio économistes écologiques en rupture avec l'économie dominante. Problématique Cette communication cherche à établir des ponts entre ces différentes approches, partant du constat qu'elles sont rarement réunies ou comparées dans les travaux en économie politique, malgré leur proximité sur bien des points. En d'autres termes, nous proposons l'hypothèse selon laquelle Sachs, en tant qu'institutionnaliste du développement qui intègre systématiquement l'environnement (écodéveloppement) dès la fin des années 1960, pourrait constituer une « charnière » entre, d'une part, les institutionnalistes du développement qui s'intéressent à l'environnement, et d'autre part, les socio économistes écologiques qui s'intéressent au développement. Plus spécifiquement, nous cherchons à répondre à trois questions liées. 1/ Existe-t-il une socio économie écologique des Suds/du développement ? Si oui quelles sont ses particularités ? Cette question cherche à vérifier l'existence d'un corpus significatif de travaux mobilisant la démarche de la socio économie écologique dans les pays du Sud et à spécifier le cas échéant (voir question 3) les expériences qui constitueraient des objets privilégiés d'analyse dans cette approche. Sur ce point, Froger (2022) a déjà mis en évidence la pertinence d'une socio-économie écologique appliquée au développement dans les pays du Suds, et ce sillon mérite d'être creusé. 2/ Si elle existe, cette socio économie écologique des Suds présente-t-elle une proximité avec l'écodéveloppement d'Ignacy Sachs ? Boidin et Figuière (à paraître) estiment qu'Ignacy Sachs peut être rangé parmi les institutionnalistes du développement mais demeure original et en ce sens inclassable à plusieurs égards. Comme il a été souligné par Figuière et Metereau (2021), il existe une congruence certaine entre l'écodéveloppement et la socio économie écologique mais il conviendrait de pousser plus loin l'analyse en vérifiant cette conclusion sur les terrains de prédilection d'Ignacy Sachs (les « Suds » et pays émergents). 3/ Quelles sont ou quelles peuvent être les applications de la socio économie écologique dans les pays des Suds ? Plus précisément, il conviendrait de distinguer des études empiriques qui pourraient être qualifiées de « congruentes » avec les conclusions voire les préconisations de la socio économie écologique de celles qui seraient réalisées par les auteurs de la socio économie écologique à proprement parler dans une perspective de soutenabilité forte des politiques de développement. Quelles sont les convergences et les divergences de ces travaux avec ceux réalisés par les institutionnalistes du développement intéressés par les enjeux environnementaux ? Méthode En termes de méthode, la démarche de cette communication s'inscrit dans la continuité de travaux précédents des auteurs, en socio économie du développement, socio économie écologique et écodéveloppement (mise en perspective de l'œuvre prolifique mais parfois méconnue d'Ignacy Sachs). Le point de jonction entre ces différents éléments est l'inscription dans une approche institutionnaliste hétérodoxe. Cette démarche est fondée sur une revue de littérature préalable sur la socio économie écologique appliquée aux Suds (le volet le moins étudié à notre connaissance). Elle consistera à établir des critères de comparaison entre les institutionnalismes du développement, l'écodéveloppement d'Ignacy Sachs et la socio économie écologique appliquée aux Suds. Ces critères seront ensuite appliqués et permettront de détailler les grands traits de convergence et les différences entre ces trois socles, afin de proposer des réponses aux trois questions posées (cf. en annexe une première version des critères de comparaison). Organisation du propos Une première section portera sur l'élaboration des critères de comparaison (le tableau et sa construction), critères qui seront mobilisés dans un deuxième temps pour établir les congruences/convergences et différences entre les trois « groupes » de travaux. La troisième section comparera les objets des « pratiques dans les Suds » relevant de l'un ou l'autre des trois « corpus » (cette troisième section portera donc plus particulièrement sur des communs environnementaux).
Keywords: écodéveloppement; socio-économie écologique; institutionnalismes; Suds; soutenabilité forte (search for similar items in EconPapers)
Date: 2025-06-04
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Published in XXXXèmes journées de l’ATM de Toulouse, Jun 2025, Toulouse, France
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