Les taux d'intérêt très bas: symptômes et opportunité
Xavier Ragot,
Christian Thimann and
Natacha Vala
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Natacha Vala: EIB - European Investissement Bank = Banque européenne d'investissement
PSE-Ecole d'économie de Paris (Postprint) from HAL
Abstract:
Si les taux d'intérêt sont aujourd'hui très bas en France, les causes en sont largement mondiales et européennes : politique monétaire, ralentissement de la productivité, excès de demande pour les actifs « sans risque ». Elles ne datent pas de la crise et pourraient durer. Dans une économie caractérisée par une demande atone, de faibles taux d'intérêt sont souhaitables pour encourager la consommation et l'investissement et limiter les problèmes d'endettement. Mais cela n'est pas suffisant pour remettre l'économie européenne sur le chemin de la croissance. Par ailleurs, si la situation devait se prolonger, les taux bas entraînent des risques financiers : risque de formation de bulles spéculatives d'une part, via la hausse des prix des actifs nourrie par les politiques monétaires non conventionnelles et, d'autre part, risque de fragilisation du secteur financier, qui voit sa marge d'intermédiation se réduire. Les institutions financières sont prises en étau entre la faible rémunération de leurs actifs et, au passif, la rigidité des rémunérations des dépôts de leurs clients. À cela s'ajoute, en France, la concurrence de l'épargne réglementée. Cette situation, sans être alarmante aujourd'hui, mérite une surveillance attentive des superviseurs. La baisse des taux d'intérêt depuis 2007 a bénéficié aux administrations publiques françaises et, dans une moindre mesure, aux entreprises non financières – deux secteurs débiteurs nets. Elle a en revanche coûté aux entreprises financières et aux ménages dans leur ensemble, qui sont créanciers nets. Parmi ces derniers, les écarts de richesse se sont creusés, mais la capacité d'accès à la propriété immobilière pour les primo-accédants a retrouvé à la fin de 2015 son niveau de la fin des années 1990. Les taux d'intérêt très bas sont à la fois le symptôme d'une économie européenne en panne de croissance et une opportunité à saisir en France pour réorienter la dépense publique vers le long terme et réformer les politiques de l'épargne. Au niveau européen, cette Note propose de simplifier et renforcer la Procédure pour déséquilibres macroéconomiques afin que les pays en excédent d'épargne soutiennent plus activement la demande agrégée tandis que ceux qui, comme la France, affichent un déficit, se concentrent sur leur compétitivité. Elle propose aussi d'étendre le Plan Juncker au financement de l'investissement en capital humain et de renforcer les incitations à investir dans la transition énergétique via une tarification lisible des émissions de CO2 . Au niveau français, la période de taux bas pourrait être mise à profit pour financer des plans de modernisation des administrations publiques, en commençant par les collectivités territoriales, en encadrant ces plans par une gouvernance solide et indépendante. La période de taux bas met aussi en évidence la nécessaire adaptation des politiques publiques de l'épargne, afin de permettre au système financier de proposer des combinaisons plus équilibrées entre rendement, liquidité et sécurité
Keywords: Taux d'intérêt; Politique monétaire; Productivité; Consommation; Investissement (search for similar items in EconPapers)
Date: 2016-12
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Published in Notes du conseil d’analyse économique, 2016, 36, pp.1-12. ⟨10.3917/ncae.036.0001⟩
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