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La critique de la théorie de l’exploitation

Patrice Cailleba ()
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Patrice Cailleba: Groupe ESC Pau

No 903, Working Papers from Groupe ESC Pau, Research Department

Abstract: Que reste-t-il de Marx, bien après que sa pensée ait séduit ou suborné intellectuels et démagogues ? Nous proposons une réponse : il s’agit de la théorie de l’exploitation. C’est en critiquant la théorie marxienne de l’exploitation et en dépassant les problèmes économiques, politiques et philosophiques qu’elle laisse apparaître que le projet marxien (et non marxiste) pourra prétendre embrasser les défis que lui impose le capitalisme. Si, d’après Marx, les ouvriers possèdent leur force de travail, encore possèdent-ils quelque chose puisque c’est de cela que les capitalistes les spolient. D’où le caractère de propriétaire inhérent aux prolétaires. Or, par l’abolition de la propriété privée, Marx abolit également la propriété du travailleur sur sa propre force de travail. Il le vole une nouvelle fois. En outre, Marx, prisonnier de son temps, ne voit pas que la fabrique n’est pas le seul endroit où la production puisse se faire dans une économie capitaliste. Par ailleurs, pour les individus qui n’ont pas accès à la propriété, être contraint de vendre son propre travail vaut mieux que ne pas avoir le droit de le faire (comme certaines communautés dans certains pays), ne pas réussir à le faire (comme les chômeurs) ou vivre en marge de la société en tirant une maigre subsistance de la délinquance, de la mendicité ou des miettes du patrimoine collectif (comme le Lumpenproletariat de Marx). Au-delà de l’aspect économique, le problème soulevé par la théorie de l’exploitation est le suivant : La liberté d’un individu, ou plutôt d’une classe, dépend-elle de l’asservissement d’une autre classe ? Tout d’abord, il est indéniable que cela peut être vrai. Et il est encore moins contestable que cela fut vrai à plusieurs moments de l’Histoire (pensons aux différentes formes d’esclavage). Cependant, l’idée que la liberté d’une classe dépende de l’asservissement d’une autre classe demeure source d’interrogations dans une économie aussi complexe (nombre de classes sociales) et mondialisée (inter-dépendance des économies) que la nôtre au XXIème siècle. A la question « qui exploite qui ?», les réponses possibles sont alors légion. Toutefois, si l’exploitation d’un individu permet à certains d’obtenir ou de conserver une forme de liberté qu’ils enlèvent à d’autres, alors est-ce que la liberté, pour être réalisée, a besoin de l’absence de liberté ? En cas de réponse positive, nous serions en présence de la dialectique hégélienne du maître et de l’esclave. Le problème serait alors de considérer l’apparition d’un tel phénomène : serait-il diachronique ou synchronique ? Ensuite, de philosophique, notre questionnement deviendrait métaphysique. Il faudrait s’interroger sur la qualité de la souffrance en jeu dans la théorie de l’exploitation qui renvoie directement à l’eschatologie chrétienne.

Keywords: Marx; théorie de l’exploitation (search for similar items in EconPapers)
Pages: 17 pages
Date: 2007-12, Revised 2007-12
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