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Du mythe de l’efficience des marchés au krach

David Bourghelle and Pauline Hyme

Revue de la Régulation - Capitalisme, institutions, pouvoirs, 2010, vol. 8

Abstract: Pour la plupart des analystes, le symptôme premier de la crise financière qui s’est déroulée à partir de 2007 est lié à la disparition des prix de marché pour valoriser les actifs issus de la titrisation. Ce diagnostic, largement partagé, invite naturellement à un certain nombre de réformes destinées à garantir, à l’avenir, la négociabilité de ces actifs et la liquidité des positions. Parmi les mesures phares envisagées au cours des derniers mois : la standardisation de ces produits et leur cotation sur des bourses d’échanges centralisées. Celle-ci vise à renforcer la transparence du système financier et à fournir une valorisation collective des risques par le marché, afin de minimiser les asymétries d’information, considérées, dans cette perspective, comme à l’origine de l’évaporation de la liquidité. Deux arguments théoriques viennent ainsi soutenir la promotion de la liquidité boursière : d’une part, la négociabilité des titres serait de nature à abaisser les taux de rentabilité requis par les investisseurs, et par là, le coût de financement des investissements productifs ; elle permettrait, d’autre part, l’assimilation quasi-instantanée de l’information dans les prix. Pourtant, un examen attentif révèle la face cachée de la liquidité. La thèse défendue ici est que la cotation boursière, loin de garantir l’efficience des marchés, génère l’attrait pour l’échange spéculatif et altère, de ce fait, la nature de la rationalité des opérateurs : bien loin de favoriser l’émergence d’une rationalité de type fondamentaliste consistant pour les investisseurs à anticiper les flux de revenus futurs associés à la détention des titres en vue d’élaborer collectivement un scénario du futur, la mise à disposition d’un cours de bourse, ou plus généralement, d’une possibilité de revente, envahit au contraire tout l’espace cognitif des acteurs et les contraint à faire preuve d’une rationalité autoréférentielle. Celle-ci se caractérise par une activité cognitive entièrement dévolue à prévoir la dynamique de l’opinion dominante, que le prix de marché révèle, pour la précéder dans ses évolutions. En soumettant la valorisation des actifs à l’appréciation du jugement collectif instantané, la liquidité boursière transforme en effet l’évaluation financière en un processus intrinsèquement instable et se révèle, de toutes les manières, impossible à satisfaire collectivement durant les périodes de tension où elle s’avèrerait pourtant vitale. La perte de sens, de repères et de clairvoyance serait-elle le prix à payer pour bénéficier de marchés profonds et animés ? Tel est le dilemme de la liquidité que Keynes, en son temps, avait déjà souligné.

Keywords: cotation en continu; liquidité boursière; mimétisme; rationalité autoréférentielle; titrisation; collective behavior; continuous trading; Market liquidity; securitization; self-referential rationality; cotización de manera continua; liquidez bursátil; mimetismo; racionalidad autoreferencial; titulación (search for similar items in EconPapers)
JEL-codes: G14 G18 G19 (search for similar items in EconPapers)
Date: 2010
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